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Le coffret ayant abrité le cœur de Gambetta

Suite à la mort de Léon Gambetta le 31 décembre 1882 dans la chambre des Jardies, une autopsie est réalisée. Mais tout ne va pas se passer comme prévu… Découvrez l’histoire surprenante du cœur de Léon Gambetta !

Un cœur très convoité

L’accident

Léon Gambetta, amateur d’armes à feu, reçoit en cadeau une paire de pistolets de son ami armurier Ferdinand Claudin. Le 27 novembre 1882, alors que l’homme politique s’entraîne au tir dans sa propriété des Jardies, il se blesse lui-même en essayant de dégager une cartouche coincée dans le canon. Le projectile lui traverse la paume de la main droite et ressort par l’avant-bras, allant se perdre dans la porte de la chambre. Gambetta perd beaucoup de sang, la blessure est sérieuse mais sans réelle gravité. Le chirurgien Lannelongue lui prescrit tout de même alitement et diète. Deux autres médecins, Verneuil et Trélat, auscultent Gambetta et augurent une guérison rapide.

La maladie et la mort

Cependant, l’état du blessé se détériore. L’immobilité forcée de Gambetta engendre une infection de la peau (érysipèle) et des troubles digestifs (appendicite et péritonite). La majorité des médecins écartent tout geste chirurgical, qu’ils déclarent inutile. S’en suit alors une longue agonie. Le 31 décembre 1882, à minuit moins cinq, Gambetta meurt dans sa chambre aux Jardies à l’âge de 44 ans seulement.

Gambetta sur son lit de mort
Gambetta sur son lit de mort, huile sur toile de José Nin Y Tudo, 1883

Colombe Clier - Centre des monuments nationaux

L'autopsie

Le 2 janvier 1883, une autopsie est pratiquée.

Sous couvert d’étudier le corps de Gambetta et les raisons de son décès, certains médecins vont prélever et conserver des organes du tribun comme de véritables reliques.

Chacun s’empare d’un fragment du corps de Gambetta : Odilon Lannelongue emporte le bras droit blessé, Paul Bert le cœur, Théodore-Édouard Fieuzal le crâne, Mathias Duval le cerveau et Victor Cornil un morceau d’intestin.

L'autopsie ; dessin de G. Julien pour Le Journal illustré, 14 janvier 1883
L'autopsie ; dessin de G. Julien pour Le Journal illustré, 14 janvier 1883

Bibliothèque interuniversitaire de Santé Médecine Paris

Culte gambettiste

Le cœur est finalement restitué par la veuve de Paul Bert. En 1891, il est déposé dans le socle du monument de Gambetta accolé à la maison des Jardies.

Le 11 novembre 1920, l’État décide de transférer le cœur de Gambetta au Panthéon.

Un coffret en merisier et noyer d’Alsace, cadeau des industriels de Mulhouse, est utilisé pour le transporter à l’occasion d’une grande cérémonie. Celle-ci commémore à la fois le cinquantenaire de la proclamation de la Troisième République et la signature de l’armistice de la Première Guerre mondiale.

Le coffret est aujourd’hui exposé dans le cabinet de toilette de la maison des Jardies. Pour découvrir les souvenirs de cet événement historique, préparez votre prochaine visite des Jardies !

La cérémonie d’hommage à Gambetta et au Soldat inconnu le 11 novembre 1920

Patrick Cadet - Centre des monuments nationaux

En vidéo

Deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale, le Gouvernement commémore simultanément deux événements : le cinquantième anniversaire de la proclamation de la Troisième République par Léon Gambetta, le 4 septembre 1870, au balcon de l’Hôtel de Ville de Paris, et la signature de l’armistice. Le Gouvernement voit la possibilité d’unir la nation autour de deux figures incarnant la défense du territoire national. Le cœur de Gambetta, grand patriote républicain de 1870, serait honoré aux côtés du martyr républicain, le Soldat inconnu, qui s'est sacrifié pour que la France puisse retrouver les provinces d’Alsace et de Lorraine, perdues après la guerre Franco-Prussienne.

 

L'hommage national du 11 novembre 1920

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