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Le monument de Gambetta

À côté de la maison des Jardies se trouve un monument spectaculaire en hommage à Léon Gambetta. Conçu par le sculpteur Auguste Bartholdi, il est composé d’une multitude de symboles. Apprenez à les décrypter !

À la loupe

Une souscription des Alsaciens et Lorrains

Dès 1889, Benedetta Leris, sœur de Gambetta, fait don à l’État d’un terrain attenant à la maison des Jardies pour qu’y soit érigé un monument à la mémoire de son frère, financé par les soins du Comité des Alsaciens-Lorrains. Les fonds nécessaires sont recueillis auprès des populations des deux régions annexées par l’Allemagne depuis 1871.

Conçue par l’Alsacien Auguste Bartholdi, la statue, inaugurée en grandes pompes le 8 novembre 1891, est avant tout un éloge de l’action de Gambetta dans l’organisation de la défense nationale, un hommage à celui qui ne s’était jamais résigné à céder l’Alsace et la Lorraine aux Prussiens victorieux. Son choix d’être député de Strasbourg, alors que l’Alsace est occupée, en est l’illustration la plus forte.

Vue de dos du monument en hommage à Léon Gambetta
Vue de dos du monument en hommage à Léon Gambetta

Hervé Levandowski - Centre des monuments nationaux

Le transfert solennel du cœur

Autre symbole fort, le monument abrite dans son socle le cœur du célèbre défunt, de son inauguration en 1891 jusqu’en 1920.

À cette date, celui-ci est transféré au Panthéon, en même temps que le corps du Soldat inconnu est inhumé sous l’Arc de triomphe, au cours d’une cérémonie qui réunit symboliquement le « saint » et le « martyr » de la République. 

Cérémonie du 6 novembre 1891 de dépôt du cœur dans le monument
Cérémonie du 6 novembre 1891 de dépôt du cœur dans le monument

Maison des Jardies / Centre des monuments nationaux

Une statuaire forte en symboles

Le monument est particulièrement représentatif de la statuaire officielle de la Troisième République, grandiloquente et allégorique. Puissante et solennelle, l’œuvre de Bartholdi illustre la détermination de Gambetta, représenté portant gravement contre son cœur les drapeaux des deux provinces perdues. À ses pieds, gît l’aigle impérial.

Encadrant le piédestal, les figures de l’Alsace et de la Lorraine, adossées à un autel votif, attendent leur délivrance. Trois inscriptions latines, Pro Patria, « pour la patrie », In clade decus, « l’honneur dans la défaite », et In luctu spes, « l’espérance dans le deuil », résument la symbolique de l’œuvre.

Parmi les nombreux monuments élevés en l’honneur de Gambetta à la fin du XIXe siècle, c’est l’un des rares à subsister encore aujourd’hui, sans avoir été dénaturé. La fourniture de métaux non ferreux à l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale a ainsi entraîné la fonte de la statue en bronze de Nice ainsi que le démantèlement partiel du monument de la place du Carrousel à Paris, totalement supprimé en 1954. Le monument de Bordeaux, déposé en 1961, à l’occasion d’un remaniement urbain, n’a jamais été remonté depuis.

Il a été classé monument historique en 1995.

Ne ratez pas l’opportunité d’entrer dans le monument lors de votre visite de la maison des Jardies !

Figures de l’Alsace et de la Lorraine
Figures en marbre de l’Alsace et de la Lorraine par Auguste Bartholdi

Colombe Clier - Centre des monuments nationaux

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