Incontournable
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Honoré de Balzac s’installe aux Jardies en 1837, pour écrire et essayer de faire fortune avec un projet immobilier. Cinquante ans plus tard, Auguste Rodin est chargé d’ériger un monument à l’effigie de l’écrivain dans la capitale. Découvrez l’histoire de cette œuvre, qui a suscité un scandale retentissant !
La genèse du scandale
Une commande en hommage à Balzac
En 1888, la Société des gens de lettres décide de faire ériger un monument à Balzac, mort en 1850 à Paris, à l’âge de 51 ans.
La commande est d’abord attribuée à Henri Chapu, mais le sculpteur meurt avant d’avoir pu finir le monument.
Émile Zola, alors Président de la Société des gens de lettres, suggère de réattribuer le projet à un ami et artiste qu’il admire : Auguste Rodin.
© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Un long travail de création
Le statuaire commence par mener un travail documentaire et iconographique sur les traits et la silhouette de Balzac, en s’appuyant sur des représentations antérieures et sur des documents, comme des photos ou le moulage de la main de l’écrivain.
Une fois la figure trouvée, il s’attèle aux études de drapés. Rodin propose un assemblage de ces deux éléments disparates : tandis que la tête représente un portrait expressif et inspiré, la forme du corps est quant à elle dissoute dans une large et simple étoffe.
Innovation artistique
Au terme de six années de longues et méticuleuses recherches, Rodin livre un monument révolutionnaire dépourvu d’accessoires et d’attributs habituellement associés à l’écrivain. Balzac est représenté debout sur près de trois mètres, en robe de chambre qu’il revêtait pour écrire. Son regard déterminé évoque le génie créatif et visionnaire de l’homme de lettres. Rodin s’est exprimé ainsi sur sa démarche artistique : « J’ai voulu montrer le grand travailleur hanté la nuit par une idée, et se levant pour aller la fixer sur sa table de travail. »
Maison des Jardies - Centre des monuments nationaux
Histoire d’un scandale
Le plâtre est exposé en 1898 au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Mais cette œuvre audacieuse fait polémique, les critiques se déchaînent.
Parce que Rodin rompt avec la tradition et les codes en vigueur pour un monument commémoratif, la Société refuse sa sculpture. Bien décidé à rester fidèle à sa propre vision de Balzac, il estime que son œuvre ne doit pas être modifiée. La commande est annulée, Rodin rend l’argent et emporte avec lui sa statue. Il décline par la suite toutes les propositions d’achat.
Le sculpteur n’a jamais vu son œuvre coulée en bronze. Il faut attendre plusieurs décennies pour que le Balzac de Rodin soit enfin reconnu publiquement. Le monument est finalement inauguré le 1er juillet 1939 dans la capitale, à l’angle des boulevards Raspail et du Montparnasse.
Dans la cuisine de la maison des Jardies est exposée une épreuve en plâtre de la tête monumentale de Balzac, datant de 1898. Une couche de gomme-laque, destinée à protéger le plâtre, lui donne sa teinte brune. Ce détail signale que cette tête a été utilisée pour fabriquer un moule en sable, étape préalable à la réalisation d’une fonte en bronze de la sculpture. Venez la découvrir dans le cadre de votre visite de la maison des Jardies !
Jonathan Legros - Centre des monuments nationaux
