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Léon Gambetta vu par les caricaturistes

Gambetta représenté en coq gaulois tricolore par Alfred Le Petit

Les caricatures donnent un aperçu de la façon dont Léon Gambetta pouvait être perçu par les témoins de son époque. Découvrez quelques illustrations satiriques visibles à la maison des Jardies !

Gambetta caricaturé

L’essor de la presse satirique

Après la chute du Second Empire, la IIIe République est proclamée et avec elle la restauration de la liberté d’expression. La presse se développe sans répression, les journaux de toutes tendances se multiplient et beaucoup sont de nature satirique. La caricature y prend une place de choix, elle démocratise la représentation du pouvoir politique et de ses figures emblématiques.

Léon Gambetta devient une cible privilégiée pour les caricaturistes, qui vont s’emparer des particularités physiques du tribun : un œil de verre exorbité, un nez proéminent et une silhouette empâtée. Personnage de caractère et emblématique du mouvement républicain, les caricatures de l’homme d’État pullulent dans les journaux de la fin du XIXe siècle. Loin de s’en formaliser, Gambetta prendra l’habitude de collectionner les dessins satiriques où il apparaît.

Caricature de Gambetta représenté sur un ballon par Alfred Le Petit
Notre drapeau par Alfred Le Petit, caricature de Léon Gambetta

© Jonathan Legros / Maison des Jardies

Le coq gaulois

Pendant près de deux décennies, Gambetta va inspirer de nombreux artistes tel qu’Alfred Le Petit. Dessinateur de presse et fondateur de journaux satiriques, Le Petit est un des caricaturistes français les plus en vogue dans les années 1870 à 1900. 

Pour la couverture du journal Le Pétard daté de 1877, il représente Gambetta en coq gaulois tricolore bombant le torse. Ce thème est régulièrement exploité dans les représentations caricaturales de Gambetta. Il incarnait à cette époque le patriote par excellence. Cette caricature dépassera les frontières puisqu’elle sera reprise par un artiste anonyme et publiée dans l’édition italienne du journal Le Perroquet

Alfred Le Petit déclinera également ce thème en 1878 sur des assiettes à dessert à l’occasion de l’Exposition universelle. Il y ajoutera en arrière-plan trois caricatures de personnages symbolisant les légitimistes, les orléanistes et les bonapartistes.

Gambetta représenté en coq gaulois tricolore par Alfred Le Petit
Un coq gaulois par Alfred Le Petit pour le journal Le Pétard

© Séverine Drigeard / Maison des Jardies

Permis de caricaturer

Autre caricaturiste de renom à avoir dessiné Léon Gambetta, André Gill publie ses caricatures dans de nombreuses revues dont il est le fondateur comme La Lune rousse ou encore Les Hommes d'aujourd'hui. Son trait incisif que l’on peut contempler dans Le Lutteur est particulièrement apprécié par Gambetta.

À noter que depuis le Second Empire et jusqu'à la loi de juillet 1881 sur la liberté de la presse, les dessinateurs de presse doivent impérativement obtenir une autorisation écrite de ceux dont ils souhaitent publier une caricature. Même si certaines célébrités refusent, les républicains tels que Gambetta acceptent volontiers d’être caricaturé. En effet, cela leur offre une forme de tribune dessinée. C'est un moyen de partager publiquement leurs idées sous un format plus léger et populaire.

Pour découvrir d’autres caricatures du tribun et en apprendre davantage sur sa vie, lisez l'histoire du monument et n’attendez plus pour organiser votre visite de la maison des Jardies !

Caricature de Gambetta représenté en lutteur par André Gill
Caricature de Léon Gambetta en lutteur par André Gill pour la revue Les hommes d’aujourd’hui, n°5.

© DR