Histoire

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Le voyage en ballon de Gambetta

Gambetta s'apprête à quitter Paris assiégée en ballon

Il y a 150 ans, Paris est assiégée par les Prussiens. Léon Gambetta parvient à s’enfuir de la capitale… par les airs ! Découvrez l’histoire de cette évasion spectaculaire à bord de l'Armand-Barbès.

7 octobre 1870 : l'envol de Gambetta

Paris assiégée

Les déboires militaires de Napoléon III entraînent la chute du Second Empire et la proclamation de la Troisième République le 4 septembre 1870. Un gouvernement de Défense nationale est aussitôt constitué, avec à sa tête le général Louis-Jules Trochu.

Léon Gambetta, alors âgé de trente-deux ans, devient ministre de l'Intérieur. Mais la pression prussienne s'accentue, en particulier autour de la capitale assiégée. Gambetta est alors désigné pour prendre la tête de la délégation de Tours qui coordonne les manœuvres militaires françaises.

Le 7 octobre 1870, Léon Gambetta quitte Paris en ballon, accompagné de son ami Eugène Spuller. Les deux hommes sont à bord de l'Armand-Barbès, piloté par Alexandre Tricher, un spécialiste qui compte à son actif soixante-dix-huit ascensions. Avec eux dans la nacelle : trois cages contenant seize pigeons, ainsi qu’un sac de cent kilos de dépêches et prospectus destinés à être jetés au-dessus des lignes allemandes. Un autre ballon plus petit, le George-Sand, accompagne les aventuriers.

Gambetta s'apprête à quitter Paris assiégée en ballon
Départ de Léon Gambetta à bord de L’Armand-Barbès par Adrien Tournachon

© Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget

Un trajet périlleux

Les deux engins décollent de la place Saint-Pierre de Montmartre vers onze heures du matin, au milieu d'une foule nombreuse où figurent des célébrités tels que Victor Hugo, Alphonse Daudet ou encore Louis Blanc. Léon Gambetta, vêtu d’une impressionnante fourrure et coiffé d'une toque, salue l'assistance de la main en criant « Vive la République ! », repris par la foule. Le voyage, effectué jusqu'à Épineuse, est épique. Tricher, effrayé par les tirs prussiens, dirige mal l'aérostat et manque à plusieurs reprises de perdre le contrôle de l’appareil. Dérouté, il cherche du réconfort dans sa gourde de rhum, si bien que Spuller et Gambetta sont amenés à le réprimander pour lui faire retrouver ses esprits.

Le ballon se pose une première fois à Villiers-le-Sec, en zone occupée par les Allemands, d'où il repart en catastrophe à l'approche des cavaliers prussiens. Plus tard, au-dessus de la gare de Creil, une balle ennemie frôle la main de Gambetta. Ils abandonnent le ballon à Épineuse, dont le maire les emmène jusqu'à Montdidier. Puis ils gagnent Amiens avant de se rendre à Rouen pour joindre Tours par le train.

Gambetta s'apprête à quitter Paris assiégée en ballon
La défense de Paris, départ de Gambetta pour Tours en ballon

© Gallica - BnF

Héros de la guerre de 1870

Cet épisode marquera la conscience populaire. Le courage du républicain, bravant maints dangers pour se rendre à Tours, sera reconnu par ses amis politiques autant que par ses adversaires. Il contribuera à faire entrer Léon Gambetta dans la légende.

Le voyage en ballon de Gambetta a laissé son empreinte dans les esprits et dans l'imagerie populaire. C'est un thème très exploité dans les gravures, sur les calendriers, les pièces de monnaie, mais aussi à travers les caricatures. De nombreux exemples sont exposés au sein de la maison des Jardies : préparez votre visite pour les découvrir !

Caricature de Gambetta représenté sur un ballon par Alfred Le Petit
Notre drapeau par Alfred Le Petit, caricature de Léon Gambetta

© Jonathan Legros / Maison des Jardies